LES ÉGLISES
Ceillac compte deux églises : l’église Saint-Sébastien et l’église Sainte-Cécile. L’édification de cette dernière est antérieure à celle de Saint-Sébastien.
La présence de deux églises interroge beaucoup et, à ce jour, aucune explication formelle n’existe. Parmi les différentes hypothèses émises, une suggère que le village était construit dans un premier temps autour de Sainte-Cécile, une autre que, la population du 18 ème siècle atteignant presque 1000 habitants, deux églises n’étaient pas de trop pour accueillir l’ensemble des paroissiens dont la présence aux différents offices religieux allait de fait.
En l’absence de ruines retrouvées et de par l’éloignement notable d’un cours d’eau régulier comme le Cristillan (beaucoup de villages dans les Alpes ont été construits sur les cônes de déjection des cours d’eau à une époque où il n’y avait évidemment pas d’eau courante dans les maisons), la première hypothèse n’a pas beaucoup d’assise pour être défendue…
Église Saint-Sébastien
Sa construction semble remonter à l’extrême fin du XV ème siècle ou au tout début du XVI ème si l’on s’en réfère à ses caractéristiques architecturales. Mais il existait déjà à Ceillac, une église en 1118 qui dépendait de l’Abbaye de Saint-André de Villeneuve.
Si l’on en juge par la population du village à cette époque, il est incontestable qu’il existait au Moyen-âge une communauté chrétienne importante. L’église fut consacrée en 1542. En 1768 eut lieu la translation des reliques de Saint-Sébastien, en grande pompe.
Aucune pièce ne fait état des dimensions de celle-ci, mais il est certain que des modifications, des remaniements, des agrandissements eurent lieu au cours des siècles, comme le prouvent s’il en était besoin l’architecture du bâtiment et l’emploi des divers matériaux.
L’église a été classé le 2 mars 1979.
* LE CLOCHER
Le clocher primitif ne comportait que 2 ouvertures pour 2 grosses cloches, puis 3 ouvertures furent créées pour en accueillir 3 petites, une 6 ème étant installée dans le clocheton. L’ensemble est tout à fait exceptionnel et donne une silhouette curieuse et originale à l’église.
* LE PORTAIL SUD
Le linteau en pierre rose porte l’inscription en relief « Anne domini M D I » (année du Seigneur 1501). Sur le tympan se dessine un blason bleu avec une croix tréflée. Le lambrequin porte à droite la mitre et à gauche la crosse, le tout surmonté par la couronne de prince (Archevêque d’Embrun). Au sommet du tympan l’inscription « Crux Spes ». Sur les côtés, des têtes humaines sculptées dans la pierre avec à droite un nom « Shaz Tardini » (peut-être le nom de l’architecte).
* LE CADRAN SOLAIRE
A droite de l’entrée, sur la façade, un cadran solaire de 1739. Il était recouvert par un autre cadran datant de 1829 et a été mis à jour, lors des travaux de restauration de 1994.
* L’HORLOGE
Elle datait de 1872 et aurait été achetée à Briançon par le Chanoine Colombet. Le mécanisme ancien a été remplacé récemment et est exposé à la Chapelle des Pénitents. La fresque autour de l’horloge a été restaurée en 1994.
* LA NEF
Composée d’une seule nef couverte de tuf en berceau brisé, elle mesure environ 20 m de long sur 7,50 m de large, avec quatre travées irrégulières.
Le premier arc du bas de l’église porte la date de 1667, la voûte avant le chœur sur le côté nord, celle de 1755.Les piliers surtout ceux du nord de la nef sont bien antérieurs, peut-être du XIII ème, voire du XII ème, bien qu’il soit difficile de dater à cette époque en -matière d’architecture car l’évolution d’une région à l’autre surtout dans ces pays isolés, pouvait différer de plusieurs siècles.
La porte du bas aussi appelée « la porte des femmes » donnant sur la « place vieille », fut ouverte en 1755. Les jeunes filles restaient au fond et en vieillissant (en âge et en sagesse ?) pouvaient s’approcher du chœur.
* LE CHŒUR
- Presque carré, avec voûte en croisée d’ogive, en tuf avec à la clé de voûte une simple croix régulière dans un cercle. Le maître-autel en marbre blanc est sculpté suivant la mode de la fin du XIX ème siècle.
* LES FRESQUES
Découvertes lors des travaux entrepris après les inondations de juin 1957, elles furent restaurées quelques années plus tard. D’après les costumes, les teintes douces et harmonieuses, la peinture semble dater du milieu du XVI ème. Elles racontent une partie de la vie de St-Sébastien.
* SÉPARATION de la CHAPELLE des PÉNITENTS
La chapelle des Pénitents donnait sur l’église. En 1874, il fut décidé de construire un mur de séparation entre la chapelle des Pénitents et l’église et de ne laisser pour communication qu’une grande porte car … »Le dimanche matin pendant que les pénitents chantaient leur office, il était impossible d’entendre les confessions ».
* LA STATUE DE SAINTE ANNE
Elle est en bois, à droite à l’entrée du chœur. Elle provient de la chapelle Sainte-Anne. Durant l’hiver 1918-1919, une avalanche monstrueuse, partie de la Font-Sancte, remonta dans le vallon de Tronchet et emporta la chapelle Sainte-Anne. Seul est resté debout, un angle du mur d’environ 1,50 m qui protégeait la statue. Légèrement endommagée, elle fut restaurée à St-Véran et regagna une niche de l’église.
* LA CHAPELLE de la Sainte Vierge
La sacristie actuelle était la chapelle de la Ste Vierge qui donnait dans la nef, construite antérieurement uniquement pour agrandir l’église. En 1911, elle fut transformée en sacristie. Pas sans peine, car « tout le monde ne l’entendit pas ainsi, quelques uns par esprit de contradiction suscitèrent des difficultés » … mais après un premier refus, le conseil municipal autorisa les travaux par délibération du 26 mars 1911. Elle dispose d’un buffet mural où sont entreposés les objets du culte, ainsi que d’un placard qui contient les bannières de procession.
St Sébastien était depuis de longues années le patron de la paroisse » mais comme cette fête, à cause de la mauvaise saison ne pouvait se célébrer avec toute la solennité désirable, en 1879, les habitants de Ceillac ont demandé à l’évêque Monseigneur Guilbert de leur permettre d’invoquer désormais comme patron de la paroisse l’apôtre St Barthélémy dont la fête se célèbre le 24 août » … Sur l’ordonnance de Monseigneur l’évêque, « La paroisse aura pour patron l’Apôtre St Barthélémy et St Sébastien, martyr continuera à être le titulaire de l’église ».
■ en téléchargement : plaquette St Sébastien éditée par les Amis de Ceillac
Église Sainte-Cécile
Dépendant depuis le X ème du pouvoir ecclésiastique embrunais, évangélisée au XI ème par les moines de Saint-André d’Avignon qui créèrent une paroisse à cette époque, l’église Sainte-Cécile est antérieure à celle de St-Sébastien.
L’église, construite sur le cône de déjection d’un ravin, a été bâtie à la fin du XlV ème et a subi plusieurs remaniements. Il suffit de regarder sur le côté ouest les fenêtres bouchées, excentrées et l’utilisation de divers matériaux.
Elle est à présent seule au milieu des prés, dans l’enclos du cimetière à 1 km du village. Mais il fut une époque où le hameau de la Clapière était très peuplé et les habitations contiguës à l’église. Le manque d’eau (en cas d’incendie) et surtout les nombreux débordements du ravin des Aiguillettes, ont fait fuir une partie de la population de la Clapière.
* LE CLOCHER
De style roman-lombard, le clocher a fière allure.
Carré et élancé sur plusieurs étages, allégé par des baies géminées ou triplées que coiffe une flèche octogonale avec des pyramidions à chaque angle et des fenestrons (un par face), c’est un clocher assez haut pour un édifice de dimensions plutôt modestes.
* LE PORTAIL
Parallèle à une seconde porte, le portail est en plein cintre, encadré de chaque côté par des sortes de consoles qui devaient sans doute supporter autrefois un porche voûté. La forme ovoïde des consoles, agrémentée d’une tête et de deux bras pendants est celle de personnages grotesques.
* LA PIETA
Dans le tympan du portail subsiste une Pietà. Les tons de peinture sont froids et les formes des personnages, lourdes. Le corps du Christ en équilibre précaire sur les genoux de sa mère surprend moins que la position curieuse des mains.
A gauche du portail on aperçoit des fragments peints, vestiges en mauvais état d’une représentation des châtiments des vices : deux personnages nus, l’un suspendu tête en bas, les genoux repliés sur une traverse, l’autre en position horizontale, mains attachées dans le dos.
Leur situation sur le mur sud de l’église permet d’émettre l’hypothèse de la présence d’une série comportant vertus, vices et leurs châtiments, abritée par un auvent.
* LA NEF
Elle est couverte d’une charpente dont certaines pièces sont sculptées ou peintes de dessins géométriques et de personnages naïfs.
* LE CHŒUR
- Il est désaxé par rapport à la nef et est voûté d’ogives en tuf. Il abrite un autel en bois peint. vert et rouge avec au centre un médaillon représentant Sainte-Cécile jouant de la harpe. Au-dessus de l’autel, un grand tableau avec St-Sébastien, Ste Cécile et le Christ.
* LE BÉNITIER
Il est sculpté en pierre avec à chaque angle des saintes debout. N’est-ce pas un ancien chapiteau ? Il est identique à celui de la galerie-porche de Guillestre et de celui d’Arvieux. Il représenterait la figuration de la Foi, de l’Espérance et de la Charité. Deux personnages féminins sont couronnés dont celui qui porte un enfant.
* LA STATUE de SAINTE-CÉCILE
Statue en bois doré montrant Sainte Cécile avec une harpe.
Ceillac n’est pas actuellement commune frontière, mais elle l’était de 1388 à 1713 quand la vallée de Barcelonnette appartenait au Duché de Savoie jusqu’au traité d’Utrecht. La France étant en guerre avec le duc de Savoie en 1690, il y eut beaucoup de passages de troupes, amies ou ennemies, mais qu’il fallait toujours nourrir.
Une légende rapporte « qu’un commandant du régiment du prince Eugène vint camper dans la plaine des Auches (Oches aujourd’hui), avec son armée non loin de l’église Sainte-Cécile. Ayant reçu l’ordre de rebrousser chemin vers l’Italie, il résolut de laisser des traces de son passage. Il fit mettre le feu aux quatre coins du village de la Clapière et l’église fut brûlée. Pendant l’incendie, on vit apparaître une femme vêtue de blanc, qui se promenait sur les cordons saillants du clocher à la hauteur des clochetons. A cette apparition, le commandant s’écria de dépit: Cécile chauffe-toi ».